Ce lundi 16 octobre, le foyer eût la grande chance de recevoir le renommé physicien et philosophe Dominique Lambert pour une conférence ouverte au public. Les Saint-Pauliens s’en trouvaient particulièrement intéressés puisqu’une grande majorité d’entre eux sont scientifiques (mais tout un chacun sait que le monde ne serait rien, absolument rien, sans les littéraires). Donc, c’est dans l’ambiance chaleureuse et musicale de la fin d’un repas de foyer que la grande salle se transforma en bel auditoire.
Notre hôte commença par introduire les conditions du dialogue entre raison et foi : il s’agit de respecter tout autant la science et la Révélation. Ensuite nous nous penchâmes sur les différents écueils pris à travers l’histoire pour résoudre cette opposition.
Dans le but de justifier la foi, le concordisme a tenté de lire la bible littéralement, en essayant tant bien que mal de faire coller révélation et raison – au risque de perdre la vérité ! Avec Jonas nourri par le cordon de sa baleine et Eve « clone d’Adam », les complications sont sans fin. Le concordisme a également pu être anti-théologique, à l’instar d’Einstein qui se refusait de soutenir la théorie du Bing Bang de Lemaître pour la seule raison qu’une histoire du monde lui était impensable.
D’autres ont prôné une séparation radicale : d’un côté le laboratoire, de l’autre l’oratoire. Rationalisme et fidéisme s’opposent, mais partagent la même conviction : foi et raison n’ont strictement rien à se dire.
Alors quelle est la solution ? Pour l’Église, la foi est intelligible, mais étant un don de Dieu, elle ne s’impose pas. Comment prouver qu’on doit être aimé par des arguments scientifiques ? La raison quant à elle perçoit la foi, et loin de la réduire, elle n’a simplement jamais fini de l’explorer. L’homme a besoin de deux voies pour accéder à la vérité.
I. La raison éclaire la foi – voie d’articulation. La science apporte des questions auxquelles elle ne peut méthodologiquement répondre. Comment trouver des réponses éthiques, de valeur, de fondement par la raison? Presque tous les prix Nobel ont écrit des livres de philosophie ! Parce que la science suscite une réflexion sur le sens.
II. La foi éclaire la raison – voie contemplative. La foi contemplant le monde lui révèle un surcroit de cohérence, elle le voit comme quelque chose de sensé. Par exemple, elle comprendrait l’évolution comme la nature qui tend vers Celui qui récapitule toute chose. Et Lemaître de dire « la foi me procure un sain optimisme qui me fait espérer la solution »…
Pour conclure, rien dans la raison ne porte directement à Dieu, car Dieu ne se démontre pas, il ne force jamais. Mais tout dans la matière souffre d’un manque, d’une incomplétude. La raison cherche des réponses au sens qui l’anime, la science s’ouvre d’elle-même par les questions qu’elle suscite. Alors la grâce loin d’éliminer la nature, vient comme la parfaire. Telle la clef de voûte qui soutient d’en-haut les fondations qui portent l’édifice.
Une belle soirée qui se termina dans la bonne humeur autour d’un petit verre.
Isaure de le Court