Éthique et robotique.
La soirée du lundi 5 mars nous a donné l’occasion d’accueillir Dominique Lambert, professeur aux Facultés de Namur, qui nous a parlé de l’éthique et la robotique.
Un robot peut-il être moral ? Les questions d’éthique sont fréquemment posées à l’Église dans le cadre de son action diplomatique notamment (ONU…). Son propos a commencé par s’intéresser à la question des critères que doit appliquer la machine (seule chose qu’elle puisse faire) et des circonstances particulières dans lesquelles, parfois, les algorithmes ne doivent justement pas être appliqués : les moments où les règles ne doivent pas être appliquées mais de nouvelles devront être créées. Il y a l’hypothèse des conflits armés, avec parfois des questions très pointues, très complexes. Une machine peut-elle remplacer un juge ? La machine peut appliquer la règle, pas s’en distancier, ce que fait parfois le magistrat pour en préserver l’esprit. Jusqu’où peut-on donc aller ? La recherche scientifique a-t-elle été brimée par l’interdiction des armes chimiques par l’ONU ? La composition de certains engrais est très proche des armes chimiques. Ça n’a pas empêché leur développement. Mais il faut veiller à ne pas développer une technologie qui se retournerait contre l’être humain. Il faut garder ce principe. Et casser la relation humaine, la remplacer, est un danger. La robotisation de la finance présente le danger de sa vitesse dans l’automatisation des réactions automatiques. En matière militaire, on utilise de plus en plus de drone, eux-mêmes de plus en plus autonomes. La responsabilité est à ce point diluée derrière un grand nombre d’acteurs qu’il est de plus en plus difficile d’établir qui est le responsable, dans le cadre de procès, de conflits avec les assurances, le problème du temps qui passe et des oublis que ça engendre, bien après le conflit.
Mais alors que faut-il faire ? Introduire des algorithmes éthiques et légaux dans la machine ? Le problème est que la machine ne peut pas devenir comme un homme. Certaines machines feront mieux qu’un homme (aller sur mars, par exemple, à Tchernobyl). Mais l’être humain a la capacité de créativité que n’a pas la machine. Il fait de l’inédit. Les machines ne font rien d’autre que ce que font les machines. L’homme est capable de transgresser les règles qu’il a établies, de faire sauter les clôtures.
La rencontre avec Dominique Lambert fut très belle, très intéressante et l’exposé était à la fois théorique et appuyé par des exemples pratiques le rendant plus concret. Une soirée enrichissante et instructive.
Paul