La vie au Foyer Saint-Paul, c’est quatre commus. Quatre couleurs mais un même désir celui de réussir des études, vivre une vie fraternelle et bien évidemment vivre toujours plus ancré dans le Seigneur. Ce sont 24 garçons et 20 filles âgés de 18 à 25 ans, désireux de vivre une vie étudiante comme tout le monde mais avec la particularité de choisir chaque jour de suivre le Seigneur. Tous frères et sœurs au sein de l’Eglise, nous vivons « un petit bout du ciel » ici sur terre.
Il y en a de la vie au sein de ces quatre commus. Une vie au gré du quotidien, bercée par les moments de fraternité, le quotidien des études et du travail, les visites d’amis, mais surtout cette joie de se retrouver pour un repas ou simplement quelques minutes, à différents moments de la journée. Les repas organisés ensemble où chacun fait découvrir aux autres des recettes. La convivialité est toujours au rendez-vous, les discussions tantôt calmes, tantôt plus vives, de la générosité aussi par ce partage de nourriture, de savoirs et « pépites » de la journée. La vie dans un commu c’est aussi des heures de vaisselles, et de discussion jusque tard dans la nuit. C’est dans le chaque jour que se tissent des amitiés, des solidarités. Ce sont des fous rires généraux, des mots sur/sous les portes, des blagues, des partages de talents et savoirs. Ce sont des vidéos insolites, des paroles surprenantes, des partages encore et toujours. Ce sont des personnes avec un cœur grand, très grand. Toujours au sein des murs de son cloître, il y a une personne, une bouche, des oreilles, des épaules, prêts à nos écouter, à partager les bonnes comme les moins bonnes choses de la vie. Ce sont des conseils, des paroles d’encouragement, des sourires, des rires contagieux, des moments où les nerfs craquent chez tout le monde en même temps. C’est aussi un mélange de cultures, de différents milieux, de différents pays, mais ce sont dans ces différences que naissent les plus beaux moments, les plus belles rencontres. Il n’y a pas un niveau à atteindre, mais plutôt une expérience à vivre au quotidien où chacun s’adapte aux autres, où chacun grandit par et avec les autres. Il n’est pas rare d’entendre des discussions, de la musique, du matin au soir, mais aussi des cris, des recherches vaines à propos d’internet, et j’en passe les meilleurs. La vie fraternelle c’est dans les choses de la vie quotidienne, dans les services rendus, dans la présence, dans l’amitié, dans les moments passés ensemble au foyer ou ailleurs de jour comme de nuit. La vie fraternelle, c’est aussi s’encourager, supporter les défauts des autres pour mieux apprécier leurs qualités, savoir dire à l’autre quand il dépasse les limites et entendre que l’on se trompe. C’est prendre en compte ce que l’autre nous dit, car c’est souvent bien fondé et dans le but de nous faire grandir. Tout n’est pas toujours faciles tous les jours. Mais malgré cela, c’est une chance de pouvoir vivre avec des personnes ayant des valeurs spirituelles communes et ayant un idéal de vie plus ou moins similaires, où nos expériences se répondent l’une à l’autre.
Comment parler de la vie au Foyer, sans évoquer son cloître et ses tortues. Peut-être l’un des seuls endroits de la ville où l’on peut en trouver et en si grand nombre. Ses tortues dont les prénoms varient tellement, qui grandissent au fils des générations d’étudiants qui passent mais qui toujours fascinent. Quatre petites carapaces qui se prélassent au soleil dans les positions les plus insolites, qui profitent d’une large gamme de saveurs grâce aux étudiants et qui sont souvent l’objet de blague entre eux. Pour leur confort, une après-midi à nécessaire afin de nettoyer leur fontaine, en se relayant, en utilisant toutes les techniques possibles et inimaginables pour vider l’eau. C’est mettre ses pieds dedans une fois terminée, parfois même plus que les pieds. C’est le midi dès qu’il y a un rayon de soleil, sortir dans le cloître manger ensemble par terre pour les plus courageux, sur une chaise, sur la pierre brulante de la fontaine ou sur des cousins pour les autres. (Et même un hamac !) C’est une dizaine de filles, toutes feuilles sorties, qui bronzent, tout en relisant leurs cours. Ce sont des minutes et des minutes d’apprentissage de slack-line. C’est la coopération et le partage d’expérience pour progresser et marcher le plus loin possible. C’est un des lieux de rencontre et de fraternité par excellence. Ça ne serait pas une erreur de dire que ce cloître donne du charme à ce foyer.
La vie au Foyer, ce sont les cloches chaque matin, qui sonnent comme pour nous tirer de lit et nous appellent à la louange. C’est aussi parfois, le réveil qui sauve lors d’un sommeil trop profond ou une sonnette d’alarme pour nous signaler notre retard.
La louange, l’un des piliers et particularités de ce lieu, ce sont des chants, des voix qui s’unissent, des êtres qui se retrouvent pour ensemble se tourner vers le Seigneur afin de le remercier pour tous ses bienfaits, lui confier leur journée ou des intentions. La louange, c’est la parole de Dieu. La louange c’est commencer chaque journée par une personne : Le Christ. C’est donner une priorité à ce jour nouveau qui nous est donné : Notre Père du ciel. Etre là, se tourner vers lui pour ensuite repartir pour mieux faire sa volonté. Une journée qui commence avec le Seigneur, est une journée en son compagnie, où l’on sent sa présence dans ces instants du moment présent.
Le foyer, ce sont des rires, des blagues, des surprises, des pleurs parfois, des difficultés, des amitiés, des rencontres, des petites et grandes attentions les uns envers les autres. La vie au foyer, c’est une maison où Dieu règne. Comme Saint-Paul a voyagé et évangélisé à travers les pays. Le Foyer Saint-Paul est un lieu de la présence du Seigneur, un lieu témoignant qu’une vie fraternelle est possible, un lieu où l’on vient voir un ami et on se retrouve devant une chapelle. Un kot qui demande d’oser dire que l’on croit en Dieu.
Le lieu le plus fréquentée c’est bien sur la chapelle, ce refuge où toute la journée, défilent toutes personnes désireuses de passer un temps avec le Seigneur, en silence, en chantant, en louant, en lisant. La chapelle, c’est cette demeure où le Seigneur règne, où il nous attend. C’est une source de vie, une source de réconfort. Combien de cœurs sont-ils entrés débordants de tristesse, combien de larmes ont été versées, et qui pourtant auprès du Seigneur, on trouvait réconfort, amour et douceur. Le cœur ne peut qu’en ressortir un brin soulagée, aimé et un peu plus fort. Le Seigneur est consolation. Combien de personnes sont entrées en remerciant le Seigneur, en lui confiant des intentions, en étant parfois juste là en silence. De nombreux genoux ont touchés ce tapis avant nous, et après nous encore, nombreux sont ceux qui se prosternent devant notre Dieu.
La vie au Foyer c’est aussi la grande salle où se vit la fraternité avec un grand F, où chaque lundi, c’est une cinquantaine de personnes qui la remplissent. Ce sont de nombreux repas partagés. Ceux d’un traiteur puis ceux faits par de petites mains appliquées, avec tant d’amour et de service. Chacun peut en effet se mettre aux services des autres au cours de la soirée. Le lundi soir, c’est le temps où l’on se retrouve, où l’on partage, où l’on prend des nouvelles des uns et des autres. Mais aussi où l’on se forme, où l’on réfléchit sur notre foi, où l’on écoute de grands témoins ou des enseignements. C’est aussi des soirées talents, des karaokés, des visionnages de photos ou de film, et même une pendaison de crémaillère. La grande salle est multifonction, un jour elle sert pour une fête, le lendemain c’est une bibliothèque pour étudier. Un matin elle est remplie de douces notes qui volent dans les airs autour du Piano et au soir, il y retentit des balles de ping-pong et des rires.
Le Foyer, c’est aussi particulièrement la Communauté de L’Emmanuel. Ce sont des frères et des sœurs qui prient pour ce projet, pour les jeunes qui s’y trouvent et pour que les fruits soient nombreux. Le foyer c’est aussi une équipe, qui veille sur ses étudiants, qui est présente, avec discrétion, aussi bien pour la vie spirituelle que pour la vie étudiante ou humaine plus largement. L’équipe accompagne notre croissance spirituelle, tout en veillant à notre confort pour nos études et en privilégiant la vie fraternelle. Ce sont des personnes qui ont acceptées ou se sont laissées choisir pour donner du temps pour les étudiants et pour le Seigneur en étant ses instruments.
Un foyer c’est de l’amour celui de Dieu. Le foyer, ce sont des cœurs qui se tournent vers Dieu et qui débordent de Lumière, d’Amour et de Paix entre ses membres mais aussi envers le monde. Le Foyer c’est un lieu, où l’on se sent aimé, pas essentiellement pour ce que l’on fait, mais plutôt tout simplement pour ce que l’on est. Un lieu permettant de devenir davantage qui l’on est.
On y pleure deux fois. En arrivant lorsque l’on dépose sa petite valise et que l’on se retrouve seul dans une chambre blanche, dans un lieu où l’on ne connait personne. Mais peu à peu, ce lieu qui paraissait si grand, inconnu et surpeuplé, devient comme un chez-soi. On n’y laisse trainer ses cours, ses vêtements sales, les murs et les portes s’habillent au fil des mois. On s’approprie les lieux. On sympathise un peu, beaucoup avec les voisins. Et voilà qu’on se sent de plus en plus comme à la maison, et cela même quand on change de chambre ou de commu. Et la seconde fois, lorsqu’on repasse la porte, chargé cette fois de dizaine de cartons. On y repart un peu plus heureux, différent mais grandit dans nos études, dans notre foi et dans notre vie. L’esprit du Foyer, une partie de l’âme de cette maison, j’ose espérer que partout il nous accompagnera, car ce qui fait vivre ce lieu c’est Dieu lui-même.
Anne-Lise MARIAULE